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OPÉRATION « URGENT FURY » DU 25 OCTOBRE 1983: L’INVASION AMÉRICAINE À LA GRENADE

   

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Après de vives tensions avec son ancien bras droit Bernard Coard (vice-premier ministre), Maurice Bishop perd la vie le 19 octobre 1983 sous les balles de l’armée révolutionnaire du peuple (People’s Revolutionary Government of Grenada). Ennemi du gouvernement américain, Maurice Bishop, révolutionnaire marxiste, laisse une marque indélébile dans le paysage politique grenadien.

Toutefois, la mort de Bishop annonce un évènement majeur qui secoue la Caraïbe tout entière. Le 25 octobre 1983, l’armée américaine (avec l’appui de la Barbade, la Jamaïque et les membres de l’Organisation des États de la Caraïbe orientale – OECO) fait irruption sur le sol grenadien : c’est le début de l’Opération « Urgent Fury ». Présenté au départ comme une mission visant à protéger les citoyens américains sur place face aux tensions politiques, il s’agissait en vérité de contrer la « menace communiste » voulant ainsi ralentir le processus d’expansion idéologique socialiste sur l’ensemble de la Caraïbe tout en pratiquant le maccarthysme[1].

Opération militaire d’envergure depuis la guerre du Vietnam, l’opération Urgent Fury est la matérialisation d’une intervention militaire dénuée de tout accord du Conseil de sécurité des Nations Unies faisant ainsi l’objet de vives critiques tant sur le plan national qu’international.

Cette intervention causa la mort d’environ 70 personnes et blessant 358 autres marquant à tout jamais la scène politique grenadienne et caribéenne dans son ensemble.

Operation « Urgent Fury » : les coulisses d’une mission d’envergure

« Le transit à l’aéroport du Raizet, en Guadeloupe, des troupes d’interventions américaines envoyées par Reagan à la Grenade conférait à la France, aux yeux des indépendantistes, un rôle dans l’écrasement du régime de Bishop. » (François-Xavier Guillerm, (In)dépendance créole).

Face à la situation politique plus que délétère à la Grenade depuis son indépendance en 1974, c’est l’indignation au sein de la communauté caribéenne et internationale. C’est en ce sens que les différents membres de l’OECO, sous l’impulsion de la Dominique et de Sainte-Lucie, décident du « principe d’une intervention militaire » le 22 octobre 1983. Le lendemain, soit le 23 octobre, une forte explosion retentit détruisant les casernes de l’armée américaine situées non loin de l’aéroport international de Beyrouth (Liban) et causant la mort de 241 Américains (attentat du Drakkar)[2]. Au même moment, le président Ronald Reagan alors informé de la décision des membres de l’OECO, donne son accord pour lancer l’opération Urgent Fury non pas à destination du Liban… mais de la Grenade. Deux bataillons de l’armée américaine reçoivent l’ordre d’intervenir deux jours avant le début de l’invasion. Mais pour la 82e division aéroportée, située à Fort Bragg en Caroline du Nord, cette décision fut une surprise.

Ronald Reagan (droite) en compagnie de ses conseillers. Sources : Getty Images

« …Forçant la communauté internationale à se détourner momentanément du drame de Beyrouth, l’administration américaine a mis son prestige, une partie de sa force, et sa crédibilité dans une entreprise indéfendable. L’invasion de la Grenade déborde la simple opération militaire visant à nettoyer une ile où les valeurs et les droits démocratiques ont été violés, niés et contrariés par les leaders successifs du pays depuis son indépendance. Cette île, si minuscule soit-elle, jouit de la souveraineté. À ce titre, l’État de Grenade est inviolable sauf pour des motifs tout à fait exceptionnels et pouvant être établis hors de tout doute. Or ces preuves n’ont été fournies ni par le président Reagan, ni par le secrétaire d’État, M. Shultz, ni par aucun des porte-parole de l’administration américaine. Les motifs invoqués pour justifier l’invasion ne sont pas concluants, pour dire le moins. Protection des ressortissants, sécurité nationale, restauration de la loi et de l’ordre et rétablissement des institutions démocratiques, tels sont ces motifs. À une semaine du coup militaire qui a renversé le gouvernement de Maurice Bishop et selon les informations disponibles, aucun d’entre eux n’est recevable. » (Jean-Louis Roy, Le Devoir (Québec, Canada), 27 octobre 1983, p.14).

Pensant que les troupes se rendaient au Moyen-Orient, c’est un changement de plan qui s’opère presque à la dernière minute. N’ayant aucune notion de la Grenade ou encore de son emplacement géographique (selon les dires de certains, l’opération se déroulait selon eux en Espagne), l’armée américaine s’apprête à intervenir sous peu. Pendant ce temps, la Barbade et la Jamaïque, bien que non-membres de l’OECO apportent leurs soutiens aux préparatifs. Entre temps, Fidel Castro, ancien allié de Maurice Bishop, prépare ses troupes dans l’éventualité d’une attaque en provenance des États-Unis.

Entre temps aux Antilles françaises, « le président de la République française, François Mitterrand, condamnait l’intervention américaine », mais pendant ce temps « le préfet Miguet et la présidente du Conseil général, Lucette Michaux-Chevry, affrétaient un avion pour permettre à Eugenia Charles, Premier ministre de la Dominique, de se rendre aux États-Unis afin de plaider la cause du CARICOM, hostile au régime de Bishop. Il fallait, comme le député Lionel Craig, « éloigner pour toujours l’ours communiste de la Caraïbe ». Le transit à l’aéroport du Raizet, en Guadeloupe, des troupes d’interventions américaines envoyées par Reagan à la Grenade conférait à la France, aux yeux des indépendantistes, un rôle dans l’écrasement du régime de Bishop […] » comme le souligne François-Xavier Guillerm. Il précise que « les évènements de la Grenade furent considérés par tous les mouvements nationalistes guadeloupéens comme l’échec d’un modèle de développement indépendant et souverain ».

En effet, les années 1980 marquées par le processus de décolonisation et la Guerre froide, les dernières colonies françaises y voyaient dans la prise de pouvoir de Maurice Bishop, une opportunité de mener à bien leur objectif à savoir obtenir l’indépendance des Antilles françaises. Face à cet échec, certains groupes indépendantistes manifestent leurs colères où, par exemple en Martinique, « à la fin octobre, le consulat des États-Unis a été lui aussi frappé ».

La « sauvegarde des citoyens américains » : leitmotiv officiel de l’intervention américaine à la Grenade

Bien que la menace communiste reste le principal leitmotiv de l’armée américaine pour justifier son intervention à la Grenade, c’est un tout autre discours qui est prononcé devant la population américaine et internationale. Ronald Reagan souligne la nécessité d’intervenir sur le sol grenadien dans le but de préserver la vie de milliers d’étudiants américains (la plupart fréquentant la faculté de médecine à l’Université St-George’s) face aux « gangsters gauchistes ». Cependant, cette menace n’existe point : le conseil militaire révolutionnaire, encore en fonction, prend le soin de préserver la vie des étudiants étrangers et américains sur son territoire. Entre temps, les familles des étudiants font part de leurs inquiétudes au président américain soulignant la possibilité d’attiser un peu plus les tensions et de véritablement mettre à mal la sécurité de leurs progénitures restées sur place. Cela étant, de nombreux étudiants britanniques, Canadiens et Américains finiront par quitter le territoire le 24 octobre, et ce, sans difficulté.

Le 25 octobre 1983 : début de l’offensive

Plan d’attaque de l’ile de la Grenade. Sources: United States Military Academy

Il est 5 heures du matin, l’offensive militaire débute. Du côté des forces américaines, c’est la présence de près de 7000 soldats avec le soutien de 300 soldats de l’OECO. Du côté du camp adverse, c’est environ 1500 soldats grenadiens avec le soutien de 700 soldats cubains venu prêter main force avec la présence de « 60 conseillers militaires originaires de l’URSS, de la Corée du Nord, de l’Allemagne de l’Est, de la Bulgarie et de la Libye », donnant ainsi un avantage, en termes de moyens logistiques et humains, aux États-Unis. Les échanges sont vifs entre les deux protagonistes à savoir l’Ouest (États-Unis et ses alliés) et l’Est (l’armée révolutionnaire du peuple de la Grenade et ses alliés), le tout sous fond de Guerre froide.

Durant l’opération « Urgent Fury » à la Grenade du 25 octobre au 2 novembre 1983. Sources: Getty Images

« Les sources officielles américaines affirment que les défenseurs de l’île étaient bien préparés, stratégiquement positionnés et qu’ils opposèrent une résistance acharnée à l’envahisseur au point que l’armée américaine dut envoyer sur place deux bataillons supplémentaires le 25 octobre au soir. Néanmoins la supériorité totale du corps expéditionnaire tant sur mer que dans les airs incluant des hélicoptères d’attaque et une artillerie navale d’appui donnait un net avantage aux États-Unis. ». Les combats se poursuivent où le 27 octobre, un affrontement important a lieu « dans la localité de Calivigny, sur la côte sud-est, où se situe le principal camp de l’Armée révolutionnaire du peuple de la Grenade. Les installations sont soumises à un long bombardement avant d’être investies. Au sixième jour, les dernières poches de résistance sont écrasées, et l’île de Carriacou mise sous contrôle. Les forces d’invasion ratissent le pays à la recherche d’éventuels Cubains et membres de l’Armée révolutionnaire du peuple. »

Le 2 novembre annonce la fin des combats avec une victoire des États-Unis et le reversement du Conseil militaire révolutionnaire et de surcroit tout type de gouvernement de type communiste à la Grenade. On dénombre « 19 morts et 116 blessés » du côté de l’armée américaine. Au niveau des forces grenadiennes, on compte « 45 militaires tués et 358 blessés ». Les forces cubaines comptent quant à elle « 24 décès et 59 blessés et 638 prisonniers ». Enfin, la population civile grenadienne fait état de 24 victimes. Le coût de l’opération « Urgent Fury » fut estimé à 76 millions de dollars (environ 195 millions de dollars actuellement).

Arrestations de membres du Conseil militaire révolutionnaire. Sources: Getty Images

Les forces américaines gouverneront, de façon provisoire, la Grenade jusqu’au 31 octobre où Nicholas Brathwaite est désigné par le gouverneur général de l’époque Paul Scoon pour « rétablir un gouvernement démocratique » faisant ainsi office de gouvernement provisoire. À partir du 15 novembre de la même année, il dirige ainsi un « Conseil consultatif intérimaire ». Bien qu’environ 250 militaires restent sur place en remplissant des fonctions de police ou encore de maintien de la paix, l’essentiel des troupes américaines quitte le territoire grenadien le 15 décembre 1983.

Un an plus tard, en décembre 1984, furent organisées les élections législatives : Herbert Blaize (pro-américain) issu du Nouveau parti national et ancien membre du gouvernement d’Eric Gairy, remporte largement les élections. Le « Maurice Bishop Patriotic Movement » fondé par d’anciens membres du New Jewel Movement » ne remporte aucun siège.

Du « large soutien populaire » … à une condamnation nationale et internationale

Un mois après l’invasion américaine à la Grenade, l’opération fut soutenue par une grande majorité de la population américaine comme l’indique le Time Magazine où même une commission de membre du Congrès américain a réaffirmé la nécessité de recourir à la force militaire dans le but de protéger les étudiants américains sur place courant le risque d’être « pris en otage ». Toutefois, certains membres de la commission émettent des réserves voire des oppositions quant à la version officielle : par exemple, Louis Stokes affirme que : « Pas un seul enfant américain, pas un seul citoyen américain n’était en danger ou courait le risque d’être pris en otage avant l’invasion ».

Hormis des problèmes opérationnels survenus lors de l’invasion, la presse américaine émet des critiques arguant que « Ronald Reagan ait interdit aux journalistes de se rendre sur l’ile et donc d’assister aux opérations militaires ainsi que de vérifier les informations communiquées par la Maison-Blanche ou le Pentagone ». Également, le Causus noir du Congrès américain a également fustigé l’intervention militaire américaine où 7 de ses membres ont tenté une procédure de destitution (impeachment) contre Ronald Reagan… en vain.

La communauté internationale émet également son mécontentement face la gestion de la crise : des pays du Commonwealth tels que le Canada, Trinité-et-Tobago s’opposent à toute intervention militaire dans la région. Le Royaume-Uni, bien que ne condamnant pas officiellement l’intervention américaine à la Grenade, ne cache pas son mécontentement où Margaret Thatcher, Première ministre à l’époque, affirme ne pas avoir été mise au courant de la situation et de l’intervention du pays de l’Oncle Sam dans un pays du Commonwealth, s’opposant personnellement à toute intervention. Ses demandes répétées pour annuler l’incursion restèrent lettre morte : la mission fut planifiée à l’avance et tout retour en arrière était impossible. Les Nations Unies ne cachent pas non plus leur frustration : l’intervention américaine s’est effectuée sans l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU qui sera condamnée par la suite par un vote de l’Assemblée générale.

Ailleurs dans le monde, on a pu observer de nombreuses manifestations condamnant l’intervention américaine : ce fut le cas à Mexico City où 10 000 étudiants se sont rassemblés devant l’Ambassade des États-Unis. Ce fut le cas également à La Paz en Bolivie ou encore en République dominicaine où des échauffourées ont eu lieu.

Manifestants à Washington D.C. (États-Unis) contre l’invasion américaine à la Grenade. Sources: Getty Images

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*        *

La disparition brutale de Maurice Bishop, personnage politique, révolutionnaire marxiste et adulé de la population grenadienne marqua à tout jamais le paysage politique caribéen. Mais sa disparition entraina un tout autre événement d’une grande envergure : l’opération « Urgent Fury » qui, en cherchant à contrer la menace communiste, fut exécutée sans l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU. Cette prise de décision ne fut pas sans conséquences entrainant la perte de vie humaine. Cet événement, bien que peu connu du grand public, mérite une attention particulière sur, entre autres, les relations internationales au sein de la Caraïbe. Le 25 octobre est désormais un jour férié à la Grenade où est célébrée la fête de Thanksgiving, jusque-là inconnu de la population grenadienne. Dans un souci de rassemblement et de fraternité, la signification de cette fête à la Grenade a pour but de remercier les soldats américains venus libérer l’ile de la « dictature communiste ».

Toutefois, l’intervention américaine dans une région extérieure et sans l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU se reproduira quelques années plus tard… avec la guerre d’Irak en 2003 dont nous connaissons les véritables raisons de l’incursion américaine, ses justifications et conséquences.

Bibliographie

We Are The Mighty. « 8 Facts about Urgent Fury – the US Invasion of Grenada », 2 avril 2018. https://www.wearethemighty.com/articles/8-facts-about-urgent-fury-the-us-invasion-of-grenada/.

« 30 years on: The legacy of Reagan’s invasion of Grenada ». Consulté le 26 octobre 2021. http://america.aljazeera.com/articles/2013/10/25/invasion-grenadaronaldreagan.html.

Dictionnaires et Encyclopédies sur « Academic ». « Attentat Du Drakkar ». Consulté le 26 octobre 2021. https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/152205.

« Débarquement de troupes américaines à la Grenade | Événements | Perspective Monde ». Consulté le 26 octobre 2021. https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMEve/141.

« Impeachment (États-Unis) ». Dans Wikipédia, 3 mai 2021. https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Impeachment_(%C3%89tats-Unis)&oldid=182551271.

Dictionnaires et Encyclopédies sur « Academic ». « Invasion de La Grenade ». Consulté le 26 octobre 2021. https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/828390.

« Invasion of Grenada ». Consulté le 26 octobre 2021. https://www.cs.mcgill.ca/~rwest/wikispeedia/wpcd/wp/i/Invasion_of_Grenada.htm.

JF, teleSUR/ ar-. « The US Deployed Its “Urgent Fury” Against Grenada In 1983 ». Consulté le 26 octobre 2021. https://www.telesurenglish.net//news/The-US-Deployed-Its-Urgent-Fury-Against-Grenada-In-1983-20211025-0003.html.

Lacey, Sharon Tosi. « How the Invasion of Grenada Was Planned with a Tourist Map and a Copy of ‘The Economist’ ». Military Times, 25 octobre 2018. https://www.militarytimes.com/veterans/military-history/2018/10/25/how-the-invasion-of-grenada-was-planned-with-a-tourist-map-and-a-copy-of-the-economist/.

« Maccarthysme ». Dans Wikipédia, 27 juin 2021. https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Maccarthysme&oldid=184163652.

« Nicholas Brathwaite ». Dans Wikipédia, 26 octobre 2020. https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Nicholas_Brathwaite&oldid=175939286.

Nightingale, Keith. « Thanksgiving in Grenada ». The American Legion. Consulté le 26 octobre 2021. https://www.legion.org/magazine/217617/thanksgiving-grenada.

U.S. Naval Institute. « Secret Mission of Urgent Fury », 1 septembre 2021. https://www.usni.org/magazines/naval-history-magazine/2021/october/secret-mission-urgent-fury.


[1] « Le maccarthysme trouve ses origines dans le fort sentiment anticommuniste qui s’était développé aux États-Unis dans le contexte de la guerre froide. Il s’étend de 1950, avec l’apparition du sénateur Joseph McCarthy sur le devant de la scène politique américaine, à 1954, avec le vote de censure contre McCarthy. Pendant deux ans (1953-1954), la commission présidée par McCarthy traqua d’éventuels agents, militants ou sympathisants communistes aux États-Unis. »

[2] « Le 23 octobre 1983 à 6 h 20 locale, durant la guerre du Liban, 58 parachutistes français (majoritairement du 1er RCP) et 3 parachutistes du 9e régiment de chasseurs parachutistes trouvent la mort, tandis que 15 sont blessés, à Beyrouth (Liban) dans un attentat-suicide au camion piégé dit attentat du Drakkar. Cette action est attribuée au Hezbollah et aurait été soutenue par l’Iran et la Syrie. Deux minutes auparavant un attentat similaire avait touché le contingent américain basé à l’aéroport international de Beyrouth, faisant 241 victimes. Les deux attentats simultanés ont été revendiqués par le Hezbollah, ainsi que par le Mouvement de la révolution islamique libre puis par le Jihad Islamique. »

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