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LE MASSACRE DU « PERSIL » D’OCTOBRE 1937 : LA MANIFESTATION ÉTATIQUE DE L’ANTI-HAÏTIANISME

   

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Début du massacre d’octobre 1937. Source: repeatingislands.com

Le 2 octobre 1937, à la frontière haïtiano-dominicaine dans la région de Dajabón, débute un nettoyage ethnique dans le plus grand des silences. Hommes, femmes et enfants issus de la communauté haïtienne se retrouvent pris pour cible par les autorités étatiques sous ordre de Trujillo, président de la République dominicaine et considéré par beaucoup comme un dictateur. Surnommé Kouto-a par les Haïtiens et El Corte par les Dominicains, ce massacre dura pendant près d’une semaine où environ 5,000 à 20,000 Haïtiens (selon les chiffres officiels bien que le nombre exact de victimes reste inconnu) périront sous la violence étatique dominicaine.

Leur seul tort ? N’avoir pas su prononcer correctement le mot perejil (persil en espagnol).

Face à cette tragédie, nous reviendrons en profondeur sur les raisons de ce génocide où la langue est perçue par de nombreux analystes, comme un outil de revendication identitaire et national. Ceci permettant une intégration, mais aussi la distinction entre communautés. Symétriquement, la langue comme outil d’identification favorise l’émergence du nationalisme ethnique voulue par Trujillo.

Haïti et la République dominicaine : une distinction ethnique et territoriale liée à la colonisation

Partageant l’ile d’Hispaniola, Haïti devient indépendante le 1er janvier 1804 après une lutte acharnée face à l’Armée française napoléonienne. Quelques années plus tard, en 1844, c’est au tour de la République dominicaine de devenir indépendante non pas de l’Espagne, mais d’Haïti comme les chercheurs Arnaud Richard et Renauld Govain nous le démontre. Cette affirmation peut surprendre, mais il s’avère qu’étant donné qu’Haïti gagnait en territoire au fil des années, il était impératif pour la République dominicaine d’acter son indépendance et ainsi marquer sa démarcation territoriale avec Haïti. En effet, l’objectif du gouvernement haïtien de l’époque était de libérer la totalité de l’ile : Haïti occupera le territoire dominicain pendant 22 ans où le français sera la norme et une répartition de la richesse sera imposée entre la population haïtienne et dominicaine.

Source: jamaicanobserver.com

De cette séparation territoriale, c’est également une distinction ethnique qui est dénotée : la population haïtienne est principalement d’ascendance africaine (environ 95%) et de peau foncée[1] contrairement à la République dominicaine d’ascendance amérindienne et mulâtre (à 70% selon les derniers chiffres) et donc de peau claire [2]. Cette distinction va même plus loin puisqu’il semble exister des marqueurs identitaires (phénotypes). Relevant des critères de beauté de type occidental (traits fins, cheveux lisses, peau claire) ceci distingue, de façon péjorative, l’Haïtien du Dominicain. Bien entendu, la langue est aussi un élément distinctif où le français et le créole sont les langues officielles pour le territoire haïtien face l’espagnol pour la République dominicaine.  La prise en compte de ces éléments est importante puisque l’ethnie, mais aussi et surtout la langue seront des motifs qui entraineront par la suite le nettoyage ethnique voulue par les autorités étatiques dominicaines.  

Avant le massacre : la présence d’un « savoir-vivre ensemble »

Province de Dajabón (en rouge) à la frontière haïtiano-dominicaine. Source: wikipédia.org

À Dajabón, au nord-ouest de la République dominicaine et proche de la frontière haïtienne, existe une cohabitation entre les deux communautés ethniques. Traversant la frontière fréquemment pour des raisons professionnelles (certains travaillant en République dominicaine et résidant en Haïti et inversement) ou encore relatives aux études, les habitants de la région permettent de maintenir une certaine cohésion grâce, entre autres, aux d’activités touristiques. La compétition économique entre communautés étant quasi-inexistante, ceci privilégie l’union au sein de la population haïtiano-dominicaine. En effet, la hiérarchisation raciale et sociale[3] que l’on pourrait retrouver dans d’autres iles de la Caraïbe n’existe point dans la ville de Dajabón. Cette cohésion se manifeste également par une maitrise à la fois du créole et de l’espagnol par la majorité des habitants de la région, et ce quel que soit leur ethnie. Bien que les tensions raciales soient présentes, mais minimes, une certaine tranquillité semble régner.  D’ailleurs, il n’est pas étonnant de voir des familles haïtiano-dominicaines se former au fil des années[4] encourageant la mixité ethnique. L’aspect culturel est tout aussi important puisque la majorité d’entre eux pratiquait la culture vaudoue. Cette atmosphère paisible qui semblait régner jusque-là disparaitra par l’arrivée de Trujillo, président de la République dominicaine.

Trujillo et la manifestation de l’anti-haïtianisme

Arrivé au pouvoir en 1930 à la suite d’un coup d’État, Rafael Trujillo est présenté comme un personnage controversé. Se faisant appeler « Son Excellence le généralissime docteur Rafael Leonidas Trujillo Molina, Honorable Président de la République, Bienfaiteur de la Patrie et Reconstructeur de l’Indépendance financière », il promeut l’identité dominicaine ou encore la dominicanisation de la nation.

Rafael Trujillo (président de la République dominicaine de 1930 à 1961). Source: biography.com

Lors d’un discours prononcé au début du mois d’octobre 1937, il prétextera un vol de bétail qu’il attribuera à la communauté haïtienne et l’accusera d’être responsable de la récession économique que la République dominicaine traversa à l’époque. Cela peut surprendre puisse qu’il est lui-même descendant de cette communauté de par son arrière-grand-père maternel alors officier. Cette « tâche » dans l’identité dominicaine de Trujillo sera d’ailleurs cachée aux yeux du grand public pendant des années. De la sorte, pour préserver la dominicanisation de la nation, les premières politiques à caractère xénophobe se mettent en place comme le soulignent les chercheurs Richard et Govain : « Depuis quelques mois, les quotas nationaux s’appliquaient à ces derniers [les haïtiens], visant à limiter la proportion de travailleurs haïtiens (en particulier dans le secteur de la canne à sucre) ».

Mais il est important d’aller au-delà de cette citation : en visant particulièrement cette communauté, une épuration ethnique est recherchée. On l’a vu un peu plus haut que la distinction entre ces deux ethnies à la fois par l’histoire, la culture, mais aussi et surtout par les critères d’identification ethnique (phénotypes) viennent renforcer le discours xénophobe et raciste.  Ceci dans l’optique de permettre l’émergence d’un nationalisme ethnique, idéologie fondatrice de la naissance de la nation dominicaine pour Trujillo, mais aussi pour préserver les relations politiques et commerciales avec les pays européens (de race blanche). Cela passe également par une standardisation de l’espagnol (aux dépens du créole haïtien), de la culture dominicaine ou encore de la représentation de symboles promouvant la nation comme le souligne Richard Lee Turits. « L’anti-haïtianisme » est à son paroxysme. L’exécution de milliers d’Haïtiens présentée comme un « remède » par Trujillo se manifestera le 2 octobre 1937, et ce, pour plusieurs jours.

La prononciation du mot « pejeril », la fermeture des frontières et le début du massacre

La langue est un symbole de l’identité nationale 

La forte présence de la communauté haïtienne et d’une certaine forme d’« haïtianisation » de l’identité dominicaine était à l’encontre du modèle nationaliste de Trujillo. Ainsi, pour pouvoir distinguer les Dominicains des Haïtiens, ce ne sera pas uniquement la couleur de peau, mais la langue et plus particulièrement la prononciation qui déterminera le devenir de chaque individu dans la région de Dajabón. Étant donné la forte mixité ethnique qui est présente comme on l’a vu précédemment, la langue sera un outil d’attribut identitaire et ethnique pour favoriser la « dominicanisation » de la nation. En effet, la langue définit la majorité ethnique face à la minorité et favorise l’exclusion de celle-ci. Aussi, et il important de le souligner, avec la langue c’est la construction d’un État-nation qui est souhaitée : pour Trujillo, « la langue est un symbole de l’identité nationale », comme le souligne Todorova-Pigarova[5].

Poussant en abondance dans la région de Dajabón, le choix pour le mot « perejil[6] » comme outil d’attribut identitaire n’est pas anodin. Hormis l’aspect symbolique de la région, « d’un point de vue articulatoire, le terme « perejil » contient les sons [r] et [x] qui appartiennent au système phonologique de la langue espagnole, mais sont absents dans le créole haïtien (désormais CH) et en français d’ailleurs ». Il est également important de noter que la région de Dajabón concentre une forte population originaire d’Haïti contrairement au reste de la République dominicaine. Vous comprenez mieux maintenant l’intérêt de Trujillo envers cette région. L’expérience du schibboleth ou manifestation de la « détection d’une appartenance d’origine selon une différence de prononciation entre deux communautés linguistiques pour un même mot » s’exprimera de façon claire le 2 octobre 1937.

Dès lors, les autorités étatiques procèdent à l’identification ethnique et identitaire de l’ensemble de la population. Turits, en récoltant le témoignage d’une survivante, illustre une des tactiques employées pour permettre cette distinction ethnique :

« Ercilia Guerrier, qui a vécu dans la ville de Restauración[7], se souvient avoir été interpellée avant le début du massacre par les soldats dominicains pour vérifier si les immigrants haïtiens avaient payé leurs taxes : « Lorsque tu te rends sur le marché ou à Loma de Cabrera, les soldats s’exclament : « Arrête-toi ici ! », et tu t’arrêtes, « Dis « persil » ! », et tu prononces, « Dis-le distinctement ! », et tu répètes à plusieurs reprises ». Pas besoin de certificat de naissance ou autre papier administratif, une simple prononciation suffisait à déterminer si les autorités étatiques avaient droit de vie ou de mort.

Une fois désigné comme haïtien, un ultimatum de 24 heures est ordonné pour quitter le territoire. Toutefois, le 5 octobre, les frontières seront fermées : désormais, toute personne cherchant à rejoindre Haïti en traversant la rivière Dajabón se retrouve massacrée à coup de machette par une armée sans once d’humanité. Certains ont même été capturés : hommes, femmes et enfants subiront les agissements d’un régime dictatorial recourant à l’extermination des peuples. Comme dit en propos introductifs, ce massacre se produit dans un silence le plus assourdissant où Trujillo utilisa tous les moyens mis à sa disposition pour museler la presse. Les corps des victimes seront jetés dans la rivière Dajabón ou tout simplement brûlés pour masquer la présence d’un quelconque génocide.

Rivière Dajabón surnomée « rivière du massacre ». Source: alchetron.com

Ce n’est que dans la nuit du 8 octobre 1937 que Trujillo sonnera la fin des massacres à l’encontre de la communauté haïtienne. Des familles sont décimées, des enfants sont orphelins de parents.

Une compensation financière sera proposée aux familles des victimes, mais pour des raisons administratives, très peu d’entre elles voire aucune ne percevrons cet argent. Quant à Trujillo, il ne sera jamais poursuivi pour ces crimes malgré la condamnation internationale. Toutefois, en 1961, il sera assassiné par des soldats dominicains où l’on soupçonnera la CIA d’être à l’origine de cet acte (notamment par le fournissement d’armes pour procéder à son exécution). En effet, les États-Unis (sous la présidence de John F. Kennedy) souhaitaient coute que coute renverser le dictateur dominicain suite à de nombreuses tensions diplomatiques avec République dominicaine.

Des tensions raciales toujours présentes ?

Malheureusement, les tensions raciales restent toujours perceptibles. En est la preuve avec un « durcissement de la politique migratoire dominicaine » en 2015 comme le souligne le journal Le Soleil où les expulsions de migrants haïtiens se comptent en dizaine de milliers[8]. Le profilage racial est bien entendu mis en avant comme la première explication de cette politique discriminatoire. En effet, une décision de la Cour constitutionnelle dominicaine datant de 2013 établit que « les enfants nés dans le pays de parents étrangers en transit n’ont pas la nationalité dominicaine […]. L’arrêté est rétroactif : concrètement, des personnes nées entre 1929 et 2010 qui avaient déjà leurs papiers perdent leur nationalité dominicaine » comme nous le rapporte Sarah Vildeuil pour le journal Libération[9]

Vidéo résumant la situation actuelle entre Haïti et la République dominicaine. Source: Vox (Youtube)

La réaction internationale est sans appel : il s’agit à nouveau de la manifestation d’une politique discriminatoire et xénophobe violant les droits humains. Mais au-delà de cela, les Haïtiens concernés par cette mesure se retrouvent apatrides puisque pour beaucoup d’entre eux, la République dominicaine est l’unique lieu ayant permis leur construction identitaire et ne possèdent pas la nationalité haïtienne.  

Les évènements d’octobre 1937 restent à jamais gravés dans la mémoire collective haïtienne. Cependant, ces commémorations restent peu médiatisées notamment par les autorités étatiques dominicaines; sûrement l’amnésie collective. Ou tout simplement pour ne pas se sentir responsable de cette tragédie ayant couté la vie à des milliers d’Haïtiens dont leurs origines étaient et restent leur seul crime.

Comme le disait George Santanya[10], « ceux qui oublient l’histoire sont condamnés à la revivre ».

D’où la nécessité de la vulgarisée et ce, dans son intégralité.


Bibliographie

NPR.org. « 80 Years On, Dominicans And Haitians Revisit Painful Memories Of Parsley Massacre ». Consulté le 4 juin 2020. https://www.npr.org/sections/parallels/2017/10/07/555871670/80-years-on-dominicans-and-haitians-revisit-painful-memories-of-parsley-massacre

Bourgeois, Catherine. « Dis-moi quelle est la couleur de ta peau et je te dirai qui tu es. Phénotype, langage et stéréotypes en République dominicaine ». Civilisations. Revue internationale d’anthropologie et de sciences humaines, no 62 (31 décembre 2013): 31‑50. https://doi.org/10.4000/civilisations.3335

Bullock, Barbara E., et Almeida Jacqueline Toribio. « From Trujillo to the Terremoto: The Effect of Language Ideologies on the Language Attitudes and Behaviors of the Rural Youth of the Northern Dominican Border ». International Journal of the Sociology of Language 2014, no 227 (1 mai 2014): 83‑100. https://doi.org/10.1515/ijsl-2013-0089

« Central America: Dominican Republic — The World Factbook – Central Intelligence Agency ». Consulté le 6 juin 2020. https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/dr.html

« Central America: Haiti — The World Factbook – Central Intelligence Agency ». Consulté le 2 juin 2020. https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/ha.html

Le Soleil. « Désordre à la frontière entre Haïti et la République dominicaine », 4 juillet 2018. https://www.lesoleil.com/actualite/monde/desordre-a-la-frontiere-entre-haiti-et-la-republique-dominicaine-85e144fe993eac10f1c0870e90b518d3

Editors, History com. « Rafael Trujillo ». HISTORY. Consulté le 4 juin 2020. https://www.history.com/topics/1960s/rafael-trujillo

Roorda, Eric Paul. « Genocide Next Door: The Good Neighbor Policy, the Trujillo Regime, and the Haitian Massacre of 1937 ». Diplomatic History 20, no 3 (1 juillet 1996): 301‑19. https://doi.org/10.1111/j.1467-7709.1996.tb00269.x

Todorova-Pirgova, Iveta. « Langue et esprit national : mythe, folklore, identité ». Ethnologie francaise Vol. 31, no 2 (2001): 287‑96.

Turits, Richard Lee. « A World Destroyed, A Nation Imposed: The 1937 Haitian Massacre in the Dominican Republic ». Hispanic American Historical Review 82, no 3 (1 août 2002): 589‑635.

Vildeuil, Sarah. « La République dominicaine expulse des milliers de personnes d’origine haïtienne ». Libération.fr, 25 août 2015. https://www.liberation.fr/planete/2015/08/25/la-republique-dominicaine-expulse-des-milliers-de-personnes-d-origine-haitienne_1367063


[1] « Central America: Haiti — The World Factbook – Central Intelligence Agency ». Consulté le 2 juin 2020. https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/ha.html

  [2]         « Central America: Dominican Republic — The World Factbook – Central Intelligence Agency ». Consulté le 6 juin 2020. https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/dr.html

[3] Et donc pourrait placer l’homme ou la femme haïtienne au bas de l’échelle sociale en raison de sa couleur de peau.

[4] Turits, Richard Lee. « A World Destroyed, A Nation Imposed: The 1937 Haitian Massacre in the Dominican Republic ». Hispanic American Historical Review 82, no 3 (1 août 2002): 589‑635.

[5] Todorova-Pirgova, Iveta. « Langue et esprit national: mythe, folklore, identité ». Ethnologie francaise Vol. 31, no 2 (2001): 287‑96, p. 288.

[6] Persil en espagnol.

[7] Troisième grande ville de la région de Dajabón.

[8] Le Soleil. « Désordre à la frontière entre Haïti et la République dominicaine », 4 juillet 2018. https://www.lesoleil.com/actualite/monde/desordre-a-la-frontiere-entre-haiti-et-la-republique-dominicaine-85e144fe993eac10f1c0870e90b518d3

[9] Vildeuil, Sarah. « La République dominicaine expulse des milliers de personnes d’origine haïtienne ». Libération.fr, 25 août 2015. https://www.liberation.fr/planete/2015/08/25/la-republique-dominicaine-expulse-des-milliers-de-personnes-d-origine-haitienne_1367063

[10] Écrivain et philosophe américano-hispanique.


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    […] dernier a d’ailleurs une importance non négligeable puisqu’il aidera les membres de la famille Rafael Trujillo à fuir le pays suite à l’assassinat de l’ancien dictateur en […]

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