Chaque 8 mars correspond à la « Journée internationale des droits des femmes ». Mais comme chaque année, le constat est le même : inégalité salariale, violences conjugales, sexisme, harcèlement, féminicide. Et malheureusement, la Caraïbe ne fait pas exception.
La société caribéenne fut construite dans la violence, le viol le tout dans un système « capitaliste racial et hétéropatriarcal» bien ficelé. Mais comment peut-on qualifier la femme antillaise de « potomitan » lorsque celle-ci se retrouve sans protection, déshumanisée, dénuée de tout respect, le tout dans un silence presque assourdissant ? Car, dans cette société caribéenne, en situation postcoloniale, le féminicide est bien présent.
En est pour preuve le meurtre d’Andrea Bharatt. Âgée de 22 ans, cette jeune femme trinidadienne fut kidnappée puis retrouvée morte au mois de février dernier. La population trinidadienne, indignée d’un énième meurtre s’est soulevée pour dénoncer ces violences faites aux femmes de façon perpétuelle.
En Guadeloupe, « le taux de violences conjugales est deux fois supérieur à la moyenne nationale ». Le 24 février dernier, une femme âgée de 34 ans, mère de 2 enfants a été retrouvée morte au domicile familial. À Porto Rico, Angie Noemí González Santos, 29 ans et mère de trois filles, est retrouvée morte : son mari avouera avoir étranglé sa compagne puis jeter son corps sans vie dans un ravin. C’était le 14 janvier dernier. Même constat en Jamaïque et dans les autres iles de la Caraïbe. Ces « faits divers » viennent un peu plus alimenter la longue liste des femmes victimes de féminicide. Les chiffres sont tout simplement édifiants. Et en temps de pandémie, la situation a empiré.
Alors comme chaque 8 mars, nous célébrons la « Journée internationale des droits des femmes ». Mais il ne faudrait pas attendre cette date pour que la société se souvienne des nombreux défis que nous femmes nous devons faire face. On a entendu en 2020 qu’il existe deux pandémies : la COVID-19 et le racisme. Le féminicide peut être considéré comme une troisième.
Parler de résilience ne serait pas le terme approprié : car la résilience équivaut à l’acceptation d’une situation. Cette situation mêlant inégalité sociale, violences conjugales, harcèlement, nous femmes nous nous inscrivons à l’opposé : nous sommes en résistance.
Résistance contre un monde capitaliste racial et hétéropatriarcal et néocolonial.

Ce sont des figures emblématiques comme La Mulâtresse Solitude, Gerty Archimède, Claudia Jones, Paulette Nardal, Françoise Vergès, Audre Lorde, Bell Hooks et bien d’autres qui nous montrent le chemin à suivre. À toutes ces femmes caribéennes d’exception qui, par le biais de l’art, l’écriture ou encore le militantisme, s’engagent dans la résistance pour, in fine, exiger le respect.
À la mémoire d’Andrea, Angie et toutes ces femmes parties beaucoup trop tôt…
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